7ème édition de la journée Rencontre-Débat Inserm-Mouvements d’entraide aux personnes en difficulté avec l’alcool, à l’Institut Pasteur à Paris.
Jusqu’à présent le groupe de travail Inserm-Alcool s’était penché sur les causes et les conséquences de l’alcoolisation excessive chez les adultes, jeunes ou moins jeunes. Aujourd’hui nous abordons un sujet qui peut être douloureux, les conséquences de l’alcoolisation de la mère sur l’enfant à naître. Ce choix fait suite à des liens établis l’an dernier avec l’association Vivre avec le SAF qui fait désormais partie intégrante du groupe de travail Inserm-Alcool.
Vivre avec le SAF participe à ce groupe d’étude depuis un an déjà. Les journées Rencontres sont extrêmement intéressantes, elles sont gratuites, mais l’inscription est nécessaire. Cette journée aura lieu à l’Institut Pasteur, auditorium François Jacob, 25/28 rue du Dr Roux – 75015 Paris.
Ne pas oublier sa carte d’identité, l’entrée est très surveillée.
Voici la présentation de cette journée consacrée à Epigénétique & Alcoolisation Foetale par Bertrand Nalpas:
« Parler des troubles causés par l’alcoolisation fœtale (TCAF) et du SAF (syndrome d’alcoolisation fœtale) est dérangeant à double titre. D’une part cela renvoie à la honte, sentiment culturellement associé à l’alcoolisme féminin et, d’autre part, à la culpabilité d’avoir provoqué un handicap peu ou pas réversible sur l’enfant à naître. L’alcoolisation fœtale est emboîtée dans l’alcoolisme féminin, le premier de ces comportements est encore plus caché que le second. Ce tabou dans le tabou complique grandement le diagnostic et la prise en charge précoce des TCAF, seule façon d’en atténuer les conséquences.
L’épigénétique est le domaine de la biologie qui étudie l’expression des gènes. De nombreux facteurs dits environnementaux sont susceptibles de modifier la lecture de nos gènes, sans pour autant altérer leur structure de base, c’est dire leur ADN ; cela aboutit à la production de protéines, nos briques constitutives, de piètre qualité et/ou en moindre quantité. Certaines de ces modifications vont perdurer dans le temps et peuvent même être transmises à la descendance.
L’alcool in utero a un effet tératogène et neurotoxique pour le fœtus. Ces phénomènes, à l’origine du SAF, sont scientifiquement connus depuis longtemps. Ce que l’épigénétique nous a appris récemment est que l’alcool agit aussi de façon subtile sur nos gènes : tout en les laissant intacts il altère leur lecture tout comme des dièses et des bémols vont modifier l’harmonie d’une partition musicale. Cette nouvelle interprétation peut produire de graves fausses notes dont les TCAF sont un exemple.
Contrairement aux effets tératogènes qui ne se produisent qu’in utero, les altérations épigénétiques peuvent se produire à tout instant de la vie, mais particulièrement pendant le développement de l’enfant. Cela interroge le rôle et la permissivité des parents vis-à-vis de l’alcool chez les enfants, depuis l’alcoolisation de la mère qui allaite, le rite de passage que constitue la découverte « organisée » de l’alcool en famille, jusqu’aux réactions parentales face à l’ivresse ou les récits de binge drinking de leur progéniture.
Les experts en ces domaines scientifiques que sont Valérie Mezger pour l’épigénétique et David Germanaud pour le SAF nous apporteront les connaissances les plus récentes dans ces deux domaines et le point de vue des associations sera exposé par François Moureau et Véronique Foudou-Sourisse. Une table ronde réunissant les orateurs et d’autres représentants des associations permettront de mener un débat approfondi et répondre aux multiples questions qui ne manqueront de venir de l’assistance.
Cette journée suscitera sans doute de nombreuses interrogations, n’hésitez pas à prendre la parole !